Tiens? Entrez donc…

[cliquez sur le titre pour lire la totalité de l’article ! Info importante !] Enchanté. En attendant de vous connaître, permettez-moi de me présenter: Pour vous, je serai Dorian Pistache, jeune auteur, amateur, de fait, et maître de céans. Pourquoi ce blog ? Mais pour héberger mes textes ! Vous y êtes bienvenu, qu’il soit […]

L’Ombre de la Goule

Musique que je recommande pour ce texte: The Thing that should not be de Metallica, ou bien All Nightmare Long du même groupe.

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« Arkham, 12 mars 1923.

A l’heure où j’écris ces lignes, la folie étend ses ailes sur mon esprit embrumé. Jamais je n’aurai crû en arriver là, mais cette lettre sera suivie de mon suicide. Cela semble en effet la seule voie un tant soit peu agréable vers la paix ultime, face à cette crainte dévorante qui brûle en mon âme…
Pour l’avenir de l’Homme, je n’entrevois que la désolation. Les entités que j’ai réveillé, prisonnières de ce minaret iranien, ne sont qu’une pièce de ce puzzle impie organisé par des divinités malfaisantes d’au-delà notre univers, dont je n’ose dévoiler ici les noms, pourtant psalmodiés depuis des éons par d’anciens cultes…
Mais je dois coucher sur cette feuille ma bien sombre aventure:
Je me nomme Frederic Galas et, jusqu’à la fin de cette lettre (celle de ma vie, par conséquent) je suis ethnologue, discipline que j’enseignais (jusqu’à ma démission) à l’Université Miskatonic d’Arkham, où je réside.
Ma spécialité: le folklore. Mes écrits sur les mythes préchrétiens et arabes m’assurent toujours le statut d’expert en la matière.
En avril 1922, le professeur Bauers, éminent archéologue à qui j’ai eu l’honneur d’enseigner, vint à moi afin de me proposer de le suivre dans une expédition au temple d’El-Karab, en Iran, pourtant  jugé inintéressant par les sommités. S’ils savaient…
J’acceptais avec joie, ayant  eu vent des étranges pictogrammes qui en tapissaient les murs. Si moi, j’avais su…
Nous partîmes cinq, nous revînmes quatre. Bauers et deux de ses élèves, un paléographe et moi-même.
Le doyen nous ayant refusé un financement, Bauers trouva un mécène en la personne de Mr Schneider, allemand très riche et féru d’Histoire. Nous ne le vîmes jamais mais entendirent parler de sa fabuleuse bibliothèque ainsi que de sa riche collection de masques.
En février 1923, nous prîmes le bateau pour l’Iran.
Le voyage fut paisible, aussi en profitai-je pour nourrir mon esprit grâce à des ouvrages sur le paganisme du Moyen-Orient. Ce n’est que maintenant que ces sanguinolents mythes m’apparaissent réels…
Arrivés au port d’Amirabad, proche de notre destination, un guide nous mena, le lendemain, au temple, tout en nous racontant les légendes destinées aux touristes. Toutefois, lorsqu’il mentionna que les habitants des environs le craignaient et que les Touaregs, en plus de ne jamais s’y arrêter,  ne l’évoquaient pas non plus, rendant le sujet tabou, ma curiosité fut piquée au vif par l’Aiguille de la Connaissance, celle qui me poussa à devenir un universitaire respecté.  Cherchant à en savoir plus, il me répondit qu’on le disait hanté. Il ne savait rien de plus.
Après deux jours de routes nous atteignirent le fameux lieu de culte. Après avoir remercié le bédouin, nous le payèrent, et il partit, convenant de revenir dans cinq jours. La descente aux Enfers débuta lorsque nous franchîmes le seuil. Soudainement, une rafale de vent glacé nous frappa, un instant. Le temps d’un battement de coeur, une crainte instinctive, du fond de l’âme, nous assaillit.
Une fois cette inexplicable sensation passée, nous avançâmes dans le temple, le découvrant progressivement.
Traversant l’allée unique, nous nous dirigeâmes vers le centre de la pièce (le temple était de dimensions très modestes), occupé par un puits.  Il nous semblait que les pictogrammes se concentraient sur le puits, et la brève analyse que nous en fîmes nous permit d’y trouver pêle-mêle des hiéroglyphes égyptiens, des caractères ressemblant à de l’hébreu et une multitude de pentacles, ce qui nous surprît au plus haut point.
Après réflexion, nous convînmes que ces pentacles servaient à la protection, et semblaient… sceller le puits. Idiots nous fûmes, en l’ouvrant, négligeant ces interdits millénaires…
A son ouverture, trois jours plus tard, le puits dégagea une infecte puanteur, celle d’un charnier dont les corps pourrissent depuis des siècles… D’abord, nous ne vîmes rien, puis, tournant en rond dans une flaque, nous aperçumes une, puis deux, dix, jusqu’à une cinquantaine de créatures bipèdes mais étrangement difformes.
Les appellant, elles se retournèrent, et nous vîmes la lueur rouge de leurs yeux nous fixer. Mais cette lueur, ce regard, était chargé de mal, un mal qui, je le compris plus tard, avait croupit des millénaires dans un puits humide et sombre, attendant de pouvoir se jeter sur le fou qui le délivrerait. Ce que nous avions fait!
Les goules -car c’en était- poussèrent en même temps une plainte féroce oscillant entre le très grave et le très aigu (montrant une certaine coordination entre ces êtres alors pourvus d’intelligence). Nous hurlâmes à notre tour, et reculèrent. Mais déjà les goules remontaient vers la surface, quittant leur prison.
Lorsque la tête difforme de la première nous apparut, la vision de ce visage qui semblait à vif, dépourvu de toute peau, baigné de sang et au regard haineux, nous fut quasi insupportable. Un étudiant de Bauers s’évanouit, frappé de terreur.
Savoir qu’une cinquantaine de ces créatures nous attendaient suffit à nous persuader de tirer sur la première pour fuir, vers le désert, vers notre guide qui déjà devait entamer son voyage vers nous…
En sortant du temple, je dessinai un pentacle sur le seuil, récitant des formules arabes. Puis nous nous enfuirent.
Après deux jours de fuite, faisant des rêves étranges lorsque le sommeil nous frappait, nous croisâmes notre guide. Après l’avoir remercié et embrassé, il nous demanda pourquoi nous n’étions que quatre et où était notre matériel.
La terreur nous frappa. Carter, l’étudiant de Bauers, celui qui, quelques années plus tôt, découvrit le tombeau de Toutankhamon… Nous l’avions laissé là-bas!
Nous mentionnâmes tout de même les goules à notre guide. Il devint aussîtot très triste,  semblant nous en vouloir, puis s’enferma dans le mutisme après avoir murmuré « grand-père… »
De retour à l’Université, nos confrères nous raillèrent. Après tout, personne ne croyait trouver quelque chose là-bas. Et ce fut officiel: nous n’avions rien vu, rien trouvé. Les pictogrammes n’étaient que des bas-reliefs superposés et cassés par endroits. Mr Schneider eut droit au même mensonge, et Bauers fut heureux de ne plus avoir à le revoir. Il en avait un peu peur, et parait-il que ses masques semblaient l’observer. Il en cauchemardait.
Et moi aussi, depuis, je cauchemarde. Les goules nous ont retrouvé dans cet endroit étrange que le Monde du Rêve.
Les médicaments, toutes ces drogues, cela ne suffit plus. Je les entend, oui, je sens l’ombre de la goule sur moi.
Je vais me donner la mort. »

Lettre du professeur Frederic Galas, ethnologue, trouvé sur son bureau et tachée de sang. Le corps reste introuvable, le seul indice étant le sable du désert trouvé  à divers endroits de son cabinet de travail. La police songe à un meurtre rituel suite à cette expédition, ajoutée à la folie paranoïaque apparente de Galas. Ses confrères (ceux qu’il cite) ne savent rien.

Ma légère contribution à l’Univers Lovecraftien. Merci Howie, tes créations sont de véritables Muses à mes yeux.
Ecrit en 2011

D’un monde à l’autre

Une nouvelle écrite dans le cadre d’un concours scolaire en anglais, en 2011-2012.
Elle se nomme « D’un monde à l’autre ».

Pour ce texte, vous pouvez écouter Roll a D6 (chanson parodique)
Je vais donner le texte anglais, puis sa traduction:

«From a world… to another one.»

The group of adventurers is climbing the Mountains of Despair, in the crual land of Dizendredd.
Their goal: the legendary  Eye of Elstrom, which is the subject of a lot of ancient mythos. Philosophers told it’s an eye made by the Gods themselves, when the world was young and Chaos Deities was fighting those of Light. Three Gods decided to create a kind of weapon, but a weapon of Good, not offensive but which can change the minds. In the heart of the Eye, they put a human soul.
And now, this relic is in the lair of an old dragon. The dwarves called him  Krugühn. He dominates Dizendredd over eons than  mankind have seen.
Unfortunately, this dragon is bad. His heart is full of hate and blood, the blood of thousands lives.
Anyway, let’s be back to our adventurers.

«I’m hungry!! Complains Elvira, the archer elve. She is very young but tall, blond and she can seem «cosy» but she’s a real fighter.
-Shut up! Shout Kaderic, the Dwarve of the group. Kaderic is priest of Moradin, a God of Good, Law, Mine and protection.
-Please, Kaderic, be nice with Elvira. She’s only 75 years old.
-Beginner… grumble Kaderic.
-My dear friend Dwarve, do you want an arrow in your…
-SILENCE! KEEP COOL! Scream Malicia, the witch. I can’t stay concentrate in my spells!
-Ok…
-Calvin, where are we? Ask Malicia to Calvin, the rogue of the group.
-Wait, I  take my map… We’re here, look…
In front of them, the entrance of the cave of Krugühn.
-Woaw!
-Hermm… Let’s go?»

«Ok, guys, we stop here for today.
-Oh…
Neville, the Dungeon Master, closed his book. In the table, a pile of books with barbarians names: Player’s Handbook I&II, Dungeon Master’s Guide, Dungeons & Dragons Rulebook, Monster Manual…, a bottle of soda, a packet of crisps, and many, many dices from everywhere, multicolored, with 10, 20,12,8,6 faces!
Abruptly, the players passed from Dizendredd to Earth, from a world… to another one.
-See you next friday!
-Ok, goodbye Neville! Thaks for all!
-You’re welcome, Dan! Goodbye everybody!
A role-playing game evening is a wonderful experience, think Neville.
It was 1 hour a.m, so Neville came back to his bed, to his dreams, to Dizendredd, like his players, probably…»

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« D’un monde… à l’autre »

Le groupe d’aventuriers escalade les Montagnes du Désespoir,  dans le cruel pays de Dizendredd.
Leur but: le légendaire Oeil d’Elstrom, qui est le sujet de bien des anciens mythes. Les sages dirent que c’est un oeil crée par les Dieux eux-mêmes, quand le monde était jeune et que les Divinités du Chaos combattaient celles de la Lumière. Trois décidèrent de créer une sorte d’arme, mais une arme du Bien, pas offensive mais capable de changer les esprits. Dans le coeur de l’Oeil, ils enfermèrent une âme humaine.
Et maintenant, cette relique est dans la tanière d’un vieux dragon. Les Nains l’appellent Krugühn. Il a régné sur Dizendredd durant plus d’ères que n’en a vu l’humanité.
Malheureusement, ce dragon est mauvais. Son coeur est plein de haine et de sang, le sang de milliers de vies.

Peu importe, revenons-en à nos aventuriers.

« J’ai faim! se plaint Elvira, l’archère elfe.Elle est très jeune mais grande, blonde et bien qu’elle semble « douillette » c’est une vraie combattante.
-Tais-toi! hurle Kaderic, le Nain du groupe. Kaderic est prêtre de Moradin, un Dieu du Bien, de la Loi, de la Mine et protecteur.
-S’il te plait Kaderic, sois gentil avec Elvira. Elle n’a que 75 ans.
-Débutante… grommela Kaderic.
-Mon cher ami Nain, désirez-vous une flèche dans le…
-SILENCE! RESTEZ SYMPA! hurla Malicia, la sorcière. Je ne peux pas me concentrer sur mes sorts!
-Ok…
Calvin, où sommes-nous? demande Malicia à Calvin, le roublard du groupe.
-Attends, je sors ma carte… Nous sommes ici, regardes…
En face d’eux, l’entrée de la caverne de Krugühn.
-Wow!
-Euh… On y va? »

« Ok les mecs, on s’arrête ici pour aujourd’hui.
-Oh…
Neville, le Maître du Donjon, ferme son livre. Sur la table, une pile de livres aux noms barbares: Manuels des Joueurs I&II, Guide du Maitre, Donjons&Dragons: livre de règles, Manuel des monstres…, une bouteille de soda, un paquet de chips, et beaucoup, beaucoup de dés éparpillés, multicolores, à 10,20,12,8,6 faces!
Brusquement, les joueurs étaient passés de Dizendredd à la Terre, d’un monde… à l’autre.
-A vendredi prochain!
-Ok, au revoir Neville! Merci pour tout!
-Mais de rien, Dan! Au revoir tout le monde!

Une soirée jeux de rôles est une magnifique expérience, pense Neville.
Il était 1h du matin, alors Neville rejoint son lit, ses rêves, Dizendredd, comme ses joueurs, probablement… »

Cette nouvelle n’a pas été retenu par le jury. L’auriez-vous fait, vous?

2011-2012.

L’Invocation.

Don’t talk to Strangers – Ronnie James Dio
                                               ___________________

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » – François Rabelais.

« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie » – Arthur Clarke.

« Encore quelques générations qui passent, et nos machines seront conduites par la force obtenue à n’importe quel point dans l’Univers… C’est une simple question de temps et les Hommes réussiront à connecter leurs machines aux rouages mêmes de la nature. » – Nikola Tesla.

Inspiré de faits réels.

L’homme est très âgé, au moins 80 ans. C’est la nuit, et son environnement est éclairé par plusieurs lampes au plafond et sur la table. Pas de doutes, c’est un laboratoire. On y distingue des câbles de toute sorte, des feuillets de calcul, des aimants et des outils ainsi que d’étranges bobines portant le nom de notre homme. En effet, voici Nikola Tesla, inventeur serbo-américain et probablement l’un des plus grands physiciens de notre Histoire, malheureusement méconnu. Il semble saisi d’une frénésie étrange, griffonnant de longues équations associés à des symboles cabalistiques, murmurant sans cesse « Nyarlathotep, Nyarlathotep! ». En même temps, l’ingénieur paraît fatigué, au crépuscule de sa vie, et la sagesse qui l’entoure d’ordinaire a disparu, le jour où il a ouvert cet étrange grimoire, ce manuscrit odieusement malsain, relié de vieux cuir et rédigé à la plume, qui provenait de la Bibliothèque du Congrès et lui avait été apporté par le Gouvernement américain. Projet Rainbow…

Tesla reprend ses calculs puis, brutalement, saisi d’un coup de génie, assemble quelques appareils électriques, s’éloigne de sa paillasse et va vers une immense pièce circulaire, à quelques mètres de lui. Il regarde les glyphes mystiques au sol, encore époustouflé par ce travail qu’il a lui-même réalisé, censé le protéger des puissances occultes qu’il invoquerait quand il en sera temps.
Il pénètre le Second Cercle, d’où leur énergie serait puisée, et y pose les capteurs qu’il venait de terminer.
Enfin, il arrive au Premier Cercle, dans lequel un pentacle est inscrit, cerné d’étranges runes étant supposée contenir son hôte démoniaque, celui pour lequel tout ceci avait été préparé, la Créature invoquée depuis sa tombe d’outre-espace. Il contemple, fier, l’immense électro-aimant fixé au plafond et enguirlandé d’une myriade de câbles, ayant pour but de multiplier par milliers l’énergie qu’il extraira de l’invocation. On lit sur son visage un mélange de grande terreur mêlé à une curiosité immense. Tesla ressort.

Par la baie vitrée de son laboratoire, on voit les chutes du Niagara, cataclysme dégringolant dans ce pâle ciel noir. Dans peu de temps, la lune sera pleine. L’heure approche… Dans quelques jours, les membres du Projet sauront si oui ou non le savoir impie de ce recueil, qui serait l’édition de Dee du Necronomicon,d’après la première page, trouvé dans le bureau de Benjamin Franklin peu après sa mort et caché dans la Bibliothèque du Congrès par les Services Secrets, est un tissu de mensonges… ou une porte vers un monde plus grand et bien plus dangereux et un pouvoir immense mais destructeur, si mal utilisé.
Mais l’on voit à son regard que la science est le seul moteur de notre homme. Pour repousser les limites de notre connaissance du monde, il ferait tout. Et le « tout » a une nouvelle frontière depuis la découverte du Necronomicon, une frontière intangible mais d’un froid palpable…

Tesla est nerveux. Encore une fois, il relit ses notes, compte sur ses doigts et écrit quelques équations. Il n’arrive pas à réaliser comment il s’est retrouvé engagé dans ce projet. D’abord, une découverte de l’armée, puis un coup de fil et quelques mots pour résumer une des plus grandes découvertes de notre Histoire -mais pas de l’Histoire complète de notre monde, qui a commencée avant notre ère, avant le Temps- des silences, un rendez-vous… Accepter de se lancer dans une telle expérience ? Bien sûr, au nom du Savoir ! Mais à quel prix… Maintenant, le scientifique sait quels dangers ses collègues et lui encourent, quel terrible prix est celui du rituel et il entrevoit ô combien la déchirure dans sa santé mentale sera grande.

Soudain, le téléphone retentit dans le laboratoire, perçant le silence d’un tintement désagréable et presque blasphématoire, au vu du contexte.
« Allô ?
-Ici le Sergent Matheson. Notre Département s’inquiète de votre avancée.
-Tout est prêt, monsieur. Dans deux jours, nous pourrons débuter le rituel, enfin, l’expérience.
-Vous rendez-vous compte, Tesla ?! s’exulte le Sergent. Une énergie phénoménale, infinie et quasi-gratuite ! Nous tiendrons le pouvoir de l’Univers entre nos mains, et notre nation sera la plus puissante !
-Je sais tout cela, monsieur. Mais souvenez-vous de ce que j’ai dit dès le début: je ne peux contrôler l’avenir, mais de mon vivant, cette invention ne doit servir qu’au bien de l’Humanité. Je ne veux voir personne en mourir !
-Oui, nous nous en rappelons. N’ayez crainte, ce souhait sera exaucé.
-Merci. Au revoir, sergent. Je dois encore préparer les inhibiteurs plasmiques et recalculer le champ d’Heizfeld… ce livre est vraiment fascinant mais  si peu compatible à la physique moderne…
-Si vous le dîtes. Au revoir, Tesla. A dans deux jours. »
Le savant raccroche, se dirige vers un boulier et un voltmètre. Toute la nuit, il recalcule, mesure, trace des pentacles et raccorde des fils à d’obscurs appareils.

Arrive enfin le soir fatidique. Le Colonel Ethan, le Sergent Matheson et d’autres membres de cet invraisemblable Département militaire des Sciences, affilié à l’affaire bien que nommé en oxymore, sont présents. Quelques scientifiques le sont aussi, et Tesla se montre très antipathique à leur égard. Il se méfie de ses pairs chercheurs plus que des militaires, mais ce sont ces derniers qui ont menacés de l’expatrier s’il ne collaborait pas à leurs recherches.
« Veuillez me suivre, dit-il.
-Messieurs, en avant !  Et ils pénétrèrent dans la grande salle:
-Répartissez-vous sur les petits cercles à l’intérieur du Troisième, le grand, ici. Leur indiqua l’homme de science en désignant le sol. Avez-vous… Le… sacrifice ? dit-il en déglutissant, agité de tremblements.
-Amenez-la ! On amène une jeune femme d’une vingtaine d’années, entièrement nue et probablement violentée, très abîmée. Elle est magnifique, sa jeunesse s’alliant à ses courbes parfaites et au brun pur de ses cheveux coupés courts qui tombent drus sur sa nuque. Dans son regard se lisent la haine et l’effroi, mais aussi la résignation: cette pauvre offrande n’échappera pas à la mort et elle en a pleinement conscience.
-Au centre ! ordonne le Sergent Matheson. Là, oui, juste là ! Parfait ! Nous allons pouvoir commencer !
-Qui est-elle ? demande Tesla en haussant la voix pour dissimuler son malaise devant la sacrifiée.
-Cela ne vous regarde pas, considérez seulement qu’elle aurait été envoyée dans une prison d’Etat pour trahison antipatriotique si nous ne l’avions pas récupérée…  Cette demoiselle est soupçonnée de communisme par nos services, d’où son accusation… Le savant hoche la tête, baissant des yeux qui commençaient à se remplir de larmes et ferme la porte, allume des bougies et de l’encens, s’installe dans le cercle face à la pointe supérieure du pentacle et entonne, d’une voix d’abord hésitante puis gagnant en assurance, cette incantation aux syllabes déformées, imparfaitement prononcées par une bouche d’humain, faite pour des gorges abyssales résonnant dans le chaos :
Je vous invoque, Puissances Cosmiques,
Vents entre les Mondes, soufflants dans les gouffres stellaires,
Par-delà l’Abîme du Temps.
Au nom des pères de nos pères,
J’effectue le Signe de Voor!  invective Tesla en levant la main droite, rabattant son annulaire et son majeur, puis son pouce.
Eth Shalkom Leolen Ph’glui Azathoth Adoneum !
Iph’ni Tekh Ragla Nyarlathotep !
Atar Mein Raïk !
KAREYH ! hurle-t-il.
Par le sacrifice de cette jeune femme, envoyez-moi Nyarlathotep, Messager de l’Ombre !
Iph’ni Tekh Ragla Nyarlathotep !
Atar Mein Raïk !
Iph’ni Tekh Ragla Nyarlathotep !
Atar Mein Raïk !
Iph’ni Tekh Ragla Nyarlathotep!
Atar Mein Raïk !
KAREYH ! »

Soudain, le sol tremble et une étrange brume commence à tournoyer autour des bougies. La fumée d’encens se colore, tantôt rouge et jaune, tantôt vaguement violette, comme augmentée d’une couleur inconnue, et prend d’étranges formes, tantôt humaines, tantôt monstrueuses, comme un crachat à la Création biblique. Dehors, la foudre se déchaîne, la Nature semble en guerre contre elle-même… Ou contre un mal plus ancien encore, oublié par les Hommes et remplacé par les Dieux, une peur qui rôde, prenant racine dans la trame même de l’Espace, rampant entre les dimensions… Et dans un éclat de sang, la sacrifiée disparaît, remplacée par une silhouette cyclopéenne et encapuchonnée.
« Quel fou se souvient encore de mon nom ? hurle-t-elle d’une voix semblant résonner à travers un trou noir, une voix qui remémore les peurs anciennes des premiers humains, faisant trembler les hommes présents.
-Nyarlathotep, je t’invoque au nom des pères de mes pères car je désires acquérir la puissance du Vide ! Donnes-moi accès à ce pouvoir, je te l’ordonne par Cthugha ! In Katum !
La colère du Héraut des Anciens est grande, mais il ne peut rien faire, et, soumis, ouvre une brèche vers ce réservoir énergétique, une déchirure en éclair et radiant un bleu éthéré, aussitôt amplifiée et pompée par les machines.
-Si tel est ton souhait… » dit-il avec un sourire vil. Au revoir, et rappelle-toi que ce qui vit doit mourir, même si l’énergie ne disparaît jamais… Et Nyarlathotep disparaît, s’effondrant sur lui-même dans un bruit strident et insoutenable.

Une fois dissipé l’effroi terrible et l’écho résonnant dans leurs oreilles, les invocateurs hurlent de joie et applaudissent. Quittant la salle, le Sergent Matheson rejoint Tesla, alors chancelant au centre du cercle, cachant les larmes dans ses yeux mais fier de son travail. Lui tapant dans le dos, il lui dit :
-Merci Mr Tesla, calmement, tout en dégainant un revolver de sa ceinture, un sourire pervers illuminant vicieusement son visage. Adieu, maintenant !
-Quoi ?! hurle l’intéressé tout en s’effondrant dans un cri car déjà la balle l’atteint au cœur, tâchant la chemise beige du chercheur d’une mare rouge vive.
-Vous ne vouliez pas voir votre découverte ôter la vie des autres, mais maintenant mort, cela n’a guère d’importance…

On retrouva le cadavre de Tesla dans son lit, le 7 janvier 1943. Les fédéraux n’eurent aucun mal à camoufler ça en mort naturelle, y compris pour la presse. Quelques mois plus tard, pendant l’été 1943, le Gouvernement Américain effectua la tragique Expérience de Philadelphie, encore source de bien des fantasmes et rêveries occultistes… Que s’y est-il passé ? Ceci est une autre histoire…

Ca vous a plu?

 

Nouvelle ajoutée au projet « Les Ecrinautes »

les-écrinautes

Célébration.

Musique à écouter en lisant ça: Through the Pale Door de Faith and the Muse
Ou alors: Aumgaia de Rastaban.

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Il est 21h, c’est le soir de Beltaine. Dans cette forêt Galloise, des femmes vêtues d’une robe blanche s’avancent paisiblement à travers les arbres, murmurant d’anciennes litanies celtiques. Ces femmes, au nombre de 7, sont de touts âges, couleurs de peau, niveau de richesse, confondus. D’ailleurs, sous leur capuchon blanc, ces distinctions sont impossibles. Toutes différentes mais unies par leur croyance. Ce soir, elles vont communier avec notre Mère Nature, Gaïa.
A leur arrivée dans une clairière, leur but, d’autres femmes les attendent. Toutefois, l’une d’entre elles, la Grande Prêtresse, se tient nue au centre d’un pentacle. Sur chaque pointe du pentacle se tient un chandelier comportant une unique bougie, verte.
« Bienvenue, mes soeurs. Prenez place dans le cercle! Nous n’attendions que vous. »
C’est faux, bien sûr. Ce qu’elles attendent toutes, c’est une transe qui les conduira à l’extase, l’orgasme de la fusion avec la Nature.
Une fois installées, le cercle de femmes commence à psalmodier la même incantation. Si l’on y prête l’oreille, du vieil anglais se mélange à de l’Indien ainsi qu’à de l’Inuit. Ensuite, le cercle bouge. Il tourne. Ses membres dansent en ronde, en chantant, cette fois, des chants wiccans traditionnels.
Soudain, les sorcières se figent, comme si elles n’étaient qu’une. Elles sont la Grande Prêtresse, qui s’évanouit et tombe au sol, comme ses fidèles au même moment.
Lorsque, deux heures plus tard, elles se relèvent, toutes ont ressenti la même sensation de plénitude et de sérénité, comme un retour dans le giron, protecteur et chaud, d’une mère. De sa mère. On range les bougies en discutant, on efface le pentacle, mais avant on remercie, d’une même voix, Gaïa, notre Mère.

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C’est court, en effet. Mais comment raconter un Sabbat, alors que c’est une célébration personnelle avant tout?

Ecrit en 2011.

 

Moi, rôliste.

Ceci est la copie d’un article d’indignation écrit naguère, lors d’une cyber contre-attaque.

Je me permet d’écrire, sur cet espace que je me suis réservé, à propos d’un grand pan de ma vie (oui, je n’ai que 15 ans, et alors?) : le jeu de rôle.

Tout a commencé en Ariège. J’avais autour de 8 ans, et la Nature m’a fait cadeau d’un oncle geek, qui nous a « contaminé » , mes cousins/cousines et moi.

Bref, cet oncle-là est donc rôliste. Un après-midi, ayant fini un repas de famille, nous nous attablâmes autour d’une bien étrange boîte:


Farpaitement. Moi qui ne connaissait alors du Seigneur des Anneaux que les films (et encore) ainsi que les gros bouquins de règles de l’équivalent Warhammer du SdA, je me retrouvai à incarner un Elfe (on fait tous des erreurs.)

Plus tard (voyant rarement mon oncle) je plongeai dans Warhammer JdR, Shadowrun et enfin l’Appel de Cthulhu (depuis, je suis persuadé qu’un petit bout de l’âme de Lovecraft a trouvé refuge dans ma tête) et Hawkmoon (adapté d’une saga-qui n’est pas celle d’Elric de Melniboné- de Moorcok)

Maintenant, je vois moins souvent mon oncle, mais je joue (sur Pathfinder en ce moment) en centre de loisirs. Je me suis fait des potes grâce à une poignée de dés et à une passion pour le fantastique qui m’habite depuis l’enfance. Actuellement, ça fait un petit moment que je n’ai pas joué et je ressens… un manque.

Mais si ce billet est là, c’est pour eux. La riposte d’une communauté face à l’attaque d’une autre, celle des cathos extrémistes. Ces gens qui depuis Mireille Dumas et sa chasse aux sorcières s’en prennent à tout ce qui éloignerait l’esprit de leurs chers enfants de leur religion dont ils ne comprennent pas l’essentiel. Fabienne Guerrero et sa haine envers Pokémon et le Black Metal (ses vidéos à ce sujet sont difficiles à trouver, on dirait qu’elle les a supprimé, de sa chaîne du moins.) , TopChrétien (anti-JdR), Avenir de la Culture (anti-Hellfest), leurs noms sont différents mais leur but est semblable: annihiler ce qu’ils ne comprennent pas et qu’ils pensent dangereux pour la survie de leur fanatisme. On débarque pas à l’église pour brûler du curé sous prétexte que Dagon est le seul vrai Dieu, que je saches.

C’est pourquoi je remercie Saint Epondyle, Saint Patron francophone du JdR, Alias et bien d’autres paladins geeks de défendre ce merveilleux loisir.


Ne laissons pas l’obscurantisme s’abattre sur la Culture. Créateurs ou profiteurs, dressez-vous contre la menace de la pensée unique!

Merci de m’avoir lu.

♫ ♪ « Sauvons les Rôlistes » du Naheulband.

Automne Occitan.

Le soupir du vent d’Octobre à travers les forêts,

Rappelle la douceur triste de la sève, mille fois goûtée.

Élevant leurs doigts démoniaques à travers la Lune crochue,

Les arbres nous confrontent à leur feuillage perdu.

 

L’Automne dans les Pyrénées exalte la nostalgie,

De ce temps oublié, pourtant plein de magie.

Remémorons-nous, enfants d’Occitanie,

Les traditions, les loups, pour une seule nuit.

 

Le sabbat de Samain autorise des ébats

Entre le monde des Hommes et celui d’ici-bas.

Que celui qui fornique avec ces contes anciens

Se voit offrir par le Drac le plus grand des festins.

Et que cette Bête immonde, par cent fois conjurées,

Brandisse l’étendard de nos croyances méprisées.

 

Enfin, le vent de gémir s’arrête,

Faisant grincer longtemps l’ultime note de la fête,

Et les démons de fuir au coin de nos têtes s’empressent,

Abandonnant pour un an l’orgie et l’allégresse.

Mais le Drac reviendra, courant dans nos contrées,

Emportant dans sa ronde ces légendes trépassées.

L’Exode Infernale.

Avancez, avancez

Dans  les brumes du Styx!

Charon, le passeur damné,

Saura vous guider sur ses relents antiques.

Les blasphèmes insalubres qui sont ici compilés

Vous conduiront tout droit vers la démence des Sages.

Et leurs rimes incestueuses dépourvues de présages,

Se joignent à la prose d’un auteur détraqué.

Ici la raison s’abîme pour exacerber les sens,

Et les rêves avortés peuvent y donner naissance

A d’étranges silhouettes dont l’esprit est l’essence.

Avancez, avancez,

Suivez-mes mots dans l’ombre.

Croisez les chemins de cette route sombre

Et suivez mes fantasmes, portes des réalités.

Selfish Marijuana

Sous les tumultes et les huées,

Toi tu continues de rouler;

Dieu a fait l’Homme a son image,

Toi tu mets Dieu dans un nuage.

Herbe des poètes, ô pacifiste,

Tu es pourtant toujours sur la piste:

Au cœur des débats politiques,

Pendant qu’ils crèvent en Afrique.

Virez Marie-Jeanne, s’il vous plait,

Du journal de vingt heures,

Même si elle emplit nos quartiers

D’une putain de bonne odeur.

Mais t’inventer une conscience,

Pour faire entendre mon tonnerre,

N’est pas une preuve de science,

Et je n’te déclare pas la guerre.

Aussi, légalisez, légalisez,

La Tentatrice immaculée;

Et si les Raisins de la colère sont les fruits de la révolte,

La plante de la discorde, pour l’Etat, c’est celle qu’on récolte.

Hyperchimie

Le premier morceau à m’être venu à l’esprit pour ce texte est Kali Yuga III de Therion.

L’hyperchimie est une doctrine visant à poursuivre le Grand Oeuvre alchimique avec les techniques de la science moderne.

« 23h42. Voici trois mois maintenant que je poursuis cette Quête. Maudit grimoire… Instantanément, mon coeur et mon âme ne firent qu’un avec le savoir contenu par cet ouvrage. Trois mois de paranoïa, de sorties réduites à leur strict minimum: le supermarché au bas de la rue et le droguiste pour les matériaux…
Au départ, ma copine m’encourageait: quand, dans une crise de nerf j’en suis venu à l’insulter, elle est partie…
J’y suis presque.  Ces choses se ressentent. Après avoir purifié le salpêtre, distillé le mercure, broyé le sel et que sais-je encore, la Pierre Philosophale se rapproche. Enfin!!
Le grimoire dit que l’alchimiste doit mettre du sien dans son Oeuvre. Je viens de comprendre. Où est l’athamée? Ah, ici.
Une goutte de sang, et hop! dans le bécher. Ca bouillonne autant que mon âme. Dans l’alambic, tout ça.
Je vois la goutte rouge monter dans le tuyau, redescendre… Enfin! La goutte s’est cristalisée! »
L’homme prend la mystérieuse pierre dans la main. Un flash lumineux. La vidéo s’arrête là. Au milieu des débris de flacons,  la police n’a pas retrouvé  le corps de l’homme. Ni le livre.

HyperchimieL’Ouroboros… Symbole alchimique,  Kekulé von Stradonitz le vit en rêve et découvrit la forme de la molécule du benzène (au centre).

Ecrit en 2011.

Shamballah.

L’enregistrement vidéo commence, sautant, passant du noir et blanc à la couleur. On y voit un officier chinois au teint maladif. L’homme est recouvert de plaies et de cicatrices, ses jambes sont blessées. Il parle anglais avec un très fort accent.

« Mon nom est Weichan Zu, officier de l’Armée de notre Céleste Empire. Je vais bientôt mourir, et nul ne peut m’aider. Ma rédemption sera dans les révélations que je m’apprête à vous faire. Mon cousin, journaliste américain, est chargé de transmettre cette vidéo au monde. Car je désire en finir avec le mensonge, nous allons trop loin. Commençons:

Dans les années ’50, nous avons, sous les ordres de notre chef, le grand Mao, envahi le Tibet. Cette partie de l’histoire n’a aucune raison d’être rapportée, le temps presse. Mais je dois ici vous dévoiler la vérité: un secret millénaire se cache dans l’Himalaya, et le gouvernement chinois a la main dessus.

Tout a commencé quand nos historiens ont découvert, dans le tombeau de Qin Shi Huang, notre premier empereur, un traité d’alchimie. Le monarque était en effet obsédé par la quête de la vie éternelle, et de tout temps, l’Empire du Milieu a innové dans le domaine alchimique, inventant par exemple la poudre à canon. Ce traité faisait mention d’un trésor enfoui sous les glaces, accordant l’immortalité à celui qui le posséderait. La position était révélée, et Mao, lorsqu’il l’apprit, envoya l’Armée de Libération, dont je faisais parti, le chercher. Nous y avons trouvé des merveilles, mais la mort guette ceux qui jouent avec les forces entre les mondes. Là-bas, elle nous attendait.

Il fut facile d’inventer des raisons à nos actes, et la manipulation de masse des esprits est la spécialité de notre gouvernement. Notre équipe partit donc, avec deux archéologues (soit-disant là pour expertise) , en quête de ce pouvoir ancestral.

Après plusieurs jours de marche, nous arrivâmes face à une cavité dans la  montagne, dans laquelle, toujours. d’après les plans, nous sommes entrés. Face à nous, d’étranges dessins recouvraient les parois de la grotte, accompagnés de caractères mystérieux. Des ossements de divers animaux jonchaient le sol, et la lumière des torches révélaient d’étranges plantes émettant une phosphorescence naturelle, ce qui nous éclairait faiblement, de manière fantomatique. Ces plantes se répartissaient dans un couloir en pente montante, dans lequel nous avançâmes. Au bout d’un long chemin, nous vîmes un halo lumineux dans le fond, qui grossissait avec notre avancée. Finalement, nos pas débouchèrent sur un grand plateau, au creux de la montagne, enneigé et où la respiration était ardue, à cause de l’altitude. Il y avait des creux dans la montagne, des sortes de grottes, ainsi qu’un bâtiment de pierre au loin, où semblait brûler un feu. Mais après avoir parcouru quelques mètres, nous nous fîmes attaquer par surprise! Trois membres de l’équipe restèrent sur place, transpercés de flèches, tirées par nos agresseurs invisibles, alors que nous prenions la fuite.

Nous n’étions plus que trois, cachés derrière un rocher, en train d’essayer d’apercevoir nos assaillants et relisant le manuscrit une nouvelle fois. Nos assaillants devaient être ces gardiens des lieux, mentionnés dans les écrits comme étant les Tcho-Tcho, habitants millénaires d’un endroit nommé Leng. Nous comprîmes bien vite le danger qui nous guettait, cependant, nous décidâmes de rester sur les lieux, en quête du pouvoir antique décrit dans le traité. Il s’agissait vraisemblablement d’une sorte d’énergie, un Qi suprême, contenu dans une idole. Nous nous dirigeâmes donc, prudemment, prêts à fusiller les Tcho-Tcho, vers le bâtiment de pierre, le seul à l’horizon, en longeant la paroi de la montagne.

A l’affût de la moindre hostilité, nous avancions pas à pas, redoutant une agression qui ne vint pas. Nous atteignîmes finalement la construction, qui s’avérait être un temple, dédié à des créatures dont le nom n’a été murmuré depuis des éons, bien avant nos croyances. Deux statues difformes, dont l’existence offensait la Création, cernées par des chandeliers,  nous faisaient face, et les fragrances opiacées provenant d’encensoirs cyclopéens embrumaient nos cerveaux. Des tentures illusoires figurant des yantras blasphématoires recouvraient les murs, et l’ambiance de spiritualité impie que nous découvrions ici nous rendait malades. Entre les sculptures se trouvait un autel, fait avec une pierre d’une noirceur pareille à la pupille d’un fou; et sur cet autel nous attendait -j’en suis sûr maintenant, elle nous attendait!- l’idole décrit dans le parchemin, mesurant une quinzaine de centimètres, entourée d’une aura cosmique invisible mais qui irradiait d’une manière insoutenable jusqu’à mon cœur. Je m’approchai, et elle rougeoyait à mesure que je m’avançai. Quand enfin je m’en saisis,  elle redevint normale. Je la mis dans mon sac, et nous sortîmes, près à partir.

Mais une fois dehors du sanctuaire, nous fîmes face à une trentaine de Tcho-Tcho, armés de lances et de haches, nous menaçant! Ces créatures étaient hideuses, bleutées et imberbes, obèses.  Nous sortîmes tout les trois un pistolet et entamâmes la fusillade. Mais les indigènes furent plus rapides et massacrèrent mes compagnons avec une rapidité effroyable. Piégé dans un recoin, cerné par les créatures, je me pensai mort. Mais, avec un sourire vicieux sur les lèvres, tous s’écartèrent et me laissèrent libre. Intrigué, mais en vie, je pris la fuite, courant comme un diable pour m’échapper de ce plateau maudit mille fois! Une fois sorti du boyau montagneux, je retrouvai au campement mes hommes, annonçant la réussite de la mission ainsi que la mort de mes équipiers, sans rien raconter de la vérité et justifiant un éboulement.  De retour au pays, je remis l’idole à Mao et lui racontai l’histoire complète. Stupéfaits, il engagea des occultistes et les fit travailler sur la statue ainsi que sur le peuple barbare à qui je l’avais volé.

Je suis enfin à la retraite, mais si l’occupation dure toujours c’est parce que le Gouvernement essaie de prendre contact depuis des années avec les Tcho-Tcho, sans réussite. Mes cauchemars m’ont appris que l’idole est maudit, aussi vais-je me donner la mort avant que le Grand Hastur vienne s’emparer de mon âme, laissant mon corps vide près à accueillir un de ses séides. Adieu, et n’oubliez pas que ceci est vrai. »

Il arrête la vidéo.